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Poésie d'Amérique

Salvador Dalí, Poésie d'Amérique
1943, huile sur toile, 116 x 79 cm 
Fundació Gala-Salvador Dalí
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí © Adagp, Paris, 2020

Un concentré de l’Amérique 

Lorsqu’il peint Poésie d’Amérique en 1943, Dalí est à Monterrey, en Californie. Il s’est réfugié aux Etats-Unis dès 1940, et ne reviendra en Europe que 8 ans plus tard.
L’ensemble de la composition s’inspire d’un tableau de la Renaissance. Sur fond de désert et de nuit, quatre personnages de tailles différentes, décrits comme des athlètes cosmiques, semblent danser. On reconnait la plaine catalane de l’Emporda, mais sur lequel Dalí importe des motifs proprement américains.
Le grand athlète de droite, sans bras, a un visage noir évidé dans lequel est posé une bougie. À gauche, un mini athlète, doté d’un ballon de football américain, sort de l’épaule du grand personnage blanc au visage masqué. Tout à gauche, un homme nu et assis, de profil, tient une longue perche entre les mains. Blanc, rouge, bleu : les couleurs de l’Amérique sont là. Une carte de l’Afrique apparait au fond, sur une tour d’horloge. Et puis, il y a la bouteille de Coca Cola, tenu par un fil : la première de l’histoire de l’art. Les critiques ont vu dans ce tableau, qui regroupe ségrégation noire, football et marque de soda, un concentré de l’Amérique, et surtout, une œuvre annonciatrice du pop art. 

Dalí et l’Amérique 

Très apprécié aux Etats-Unis, Dalí y a fait fortune. Cela avait mal commencé : pour son premier voyage, en 1934, il s’y rend en bateau. Terrifié par l’océan, il survit à la traversée sanglé à sa couchette, ses tableaux ficelés aux vêtements... Ensuite, ses premières impressions sont pour le moins singulières : « New York m’apparaît vert-de-gris et blanc sale, semblable à un immense roquefort gothique. Mais j’aime le roquefort ! »
Au printemps 1939, Dalí fait l’objet d’une grande exposition à la Julien Levy Gallery à New York. C’est un énorme succès : une file d’attente s’étire dans la 57e rue, et presque tous ses tableaux sont vendus ! Dalí est dans un tourbillon créatif : illustrations, designs d’appartements, affiches publicitaires... Il croule sous les dollars !