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Autoportrait mou au lard grillé

Salvador Dalí, Autoportrait mou au lard grillé
1941, huile sur toile, 61 x 51 cm 
Fundació Gala-Salvador Dalí
© Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dalí © Adagp, Paris, 2020

Un autoportrait « anti-psychologique » 

L'artiste peint cet autoportrait à New-York en 1941, pendant son exil aux Etats-Unis, où il se réfugie pour fuir la guerre. On reconnaît sa bouche fine, ses sourcils noirs bien dessinés et surtout, sa fameuse moustache relevée, dont les extrémités pointent vers le ciel.
Pour Dalí, cet autoportrait ne parle pas de sa psychologie. Il est au contraire, selon ses mots, "anti-psychologique" ! Au lieu de peindre "l'âme", le "dedans", il a représenté "l'extérieur, l'enveloppe, le gant de lui-même". Un gant "comestible et même un peu faisandé, c'est la raison pour laquelle apparaissent les fourmis accompagnées de bacon", commente-t-il. Dalí constitue, à lui tout seul, un vaste sujet d'étude pour la psychanalyse ! Ce grand lecteur de Freud et de Lacan se compare à un mollusque dépourvu de squelette. "Gala, au lieu de m'endurcir comme la vie aurait pu le faire, me construisit une coquille de bernard-l'hermite, si bien que dans mes rapports extérieurs je passais pour une forteresse, tandis qu'à l'intérieur, je continuais à vieillir dans le mou, le super-mou", explique-t-il.

Les célèbres moustaches de Dalí

Cultivant son look excentrique, l'artiste-dandy prend le plus grand soin de ses moustaches, lesquelles rappellent celles d'un autre maître de la peinture espagnole : Vélasquez. Pour les faire tenir en l'air, il avait un secret. Une recette originale utilisée par les hindous : du sucre de datte ! "Le côté visqueux de la datte suffisait pour toute une journée à tenir mes moustaches", confiait-il. Ces bacchantes effilées sont devenues les moustaches les plus célèbres de l'histoire de l'art.